A 10h17 le 21 septembre 2001, à Toulouse, une très violente explosion dans l'usine chimique AZF entraînait la mort de 31 personnes, dont 21 sur le site. Des milliers de personnes seront blessées. Les premières images de la catastrophe ont été filmées par des journalistes de FR3 Toulouse, partis en moto vers le site d'AZF : on voit, sur ces images, une rocade recouverte d'une épaisse couche de poussière et de débris, des voitures immobilisées sur la chaussée et très abîmées, les gens qui errent sur la chaussée, dont certains sont blessés. Une vision d'apocalypse.
Le premier procès de la catastrophe se tiendra en 2009 à Toulouse. Serge Biechlin, le directeur de l'usine, et l'entreprise Grande Paroisse, société exploitante du site et filiale du groupe Total, seront relaxés au bénéfice du doute, avant d'être lourdement condamnés en appel en 2012. Mais cette condamnation sera annulée par la Cour de cassation en 2015 pour défaut d'impartialité d'un magistrat.
Le 31 octobre 2017, seize ans après les faits, l'ancien directeur de l'usine sera finalement condamné en appel à 15 mois de prison avec sursis et 45 000 euros d'amende pour "homicide involontaire" et la société exploitante, Grande Paroisse, à l'amende maximale. La cour d'appel de Paris considérait que Serge Biechlin comme l'entreprise, poursuivie comme personne morale, étaient coupables de "fautes caractérisées" commises par "maladresse", "négligence" ou encore "manquement aux obligations de prudence". La société gestionnaire du site, aujourd'hui rasé, se voyait infliger l'amende maximale de 225 000 euros.
Parcours mémoriel
La cour d'appel rejetait par ailleurs la demande des parties civiles qui voulaient voir juger Total en même temps que sa filiale. Le groupe pétrolier, qui a rappelé avoir déboursé 2,5 milliards d'euros au titre de sa responsabilité civile, échappait donc à toute poursuite pénale.
Ce troisième procès n'avait pas apporté de révélations, mais la décision de la justice était très attendue par les victimes. Comme les précédents, ce procès avait vu s'affronter deux visions de la catastrophe. Les victimes - 2700 se sont constituées parties civiles - ont obtenu de la justice la validation du scénario d'une explosion due au déversement accidentel d'un produit chloré sur un tas de nitrate d'ammonium, rendu possible par une mauvaise gestion des déchets de cette usine classée Seveso 2. La défense avait au contraire avancé d'autres hypothèses : un acte terroriste, dans une ville comptant des foyers de radicalisation islamiste, dix jours après l'attaque contre les tours jumelles du World Trade Center, ou encore une explosion due à de très vieux résidus de poudre dans le sol.
A peine l'arrêt rendu, l'avocat de l'ex-directeur Serge Biechlin et de l'entreprise Grande Paroisse annonçait un pourvoi en cassation, finalement rejeté en décembre 2019.
Comme tous les 21 septembre, Toulouse commémore ce mardi l'explosion de l'usine. Après l'enclenchement des sirènes dans la ville à 10h17, la lecture des noms des victimes décédées, le dépôt de gerbe et la minute de silence, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc dévoilera un parcours mémoriel composé de "neuf pupitres retraçant l'histoire de l'usine, son passé industriel de 1924 à nos jours, la catastrophe elle-même, puis l'après-catastrophe, les procès et le renouveau du site". Une manière de "rétablir l'histoire du site" alors que "la mémoire s'efface très vite", selon Francis Grass, l'adjoint au maire en charge des politiques culturelles et mémorielles.
Pour les créateurs de contenus
Dans cette archive disponible sur mediaclip, notre offre pour les pros, le directeur-adjoint de l'usine et un témoin s'expriment.
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