« En 15 jours, les feuilles des arbres ont roussi. Des animaux sont morts. On se demande même si les rivières avoisinantes ne sont pas polluées. » Le journaliste Hervé Duthu ne cachait pas son inquiétude après la catastrophe industrielle qui a touché l'usine ICMESA à Meda en Italie, le 27 juillet 1976. Dans cette usine étaient fabriquées des essences, des parfums ou encore des cosmétiques. Ce jour là, une cuve de 2000 litres explose libérant un nuage de Trichlorophénol. Très vite, ce nuage va toucher la commune de Seveso, située à quelques kilomètres de là.
Quelques jours après la catastrophe, les premiers effets de ce gaz se font ressentir mais les habitants ne sont évacués que plusieurs jours après. Pourtant, Guy Waldvoge, directeur général de l'ICMESA, minimisait les risques de contamination dans le journal d'Antenne 2 : "Le produit que nous fabriquions n’était pas terriblement toxique. C’était le trichlorphénol. Nous savions qu’en le fabriquant, il pouvait y avoir certains dangers d'impuretés qui pouvaient être toxiques et ce sont celles-là qu’il fallait surveiller et nous l’avons fait." De son côté, Madame Efthymiou, professeure agrégé de médecine du travail anti-poison, était moins rassurante : "Ils ont utilisé un produit qui est relativement peu dangereux. Il peut être irritant et donner des bronchites en cas de concentration très importante mais on ne sait pas si ça a été le cas en Italie."
Pourtant, le trichlorophénol est un gaz dont "la composition est voisine de celles des défoliants utilisés durant la guerre du Vietnam" alertait le journaliste Hervé Duthu.
Il faut attendre 7 ans pour que l'enquête s'achève. En 1983, quatre membres de la direction de Givaudan sont condamnés à quatre ans de prison. Depuis 1982, les membres de la Communauté européenne s'activent aussi et doivent identifier les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs. La directive Seveso était née.