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Les dessous de la chanson «Je t'aime... moi non plus»

Les dessous de la chanson «Je t'aime... moi non plus»

En 1969, Serge Gainsbourg et Jane Birkin enregistraient à Londres la chanson « Je t'aime... moi non plus ». Un titre sexy qui allait enthousiasmer un public international. L'auteur et l'interprète nous racontent l'histoire de cette chanson d'amour.

 

Par Florence Dartois - Publié le 29.01.2019 - Mis à jour le 17.07.2023
Serge Gainsbourg parle de Jane Birkin - 1971 - 05:14 - vidéo
 

Je t’aime… moi non plus, ce titre intriguant, le compositeur l'avait écrite deux ans plus tôt, en 1967, inspirée de son amour de l'époque, Brigitte Bardot. Il voulait lui offrir « la plus belle chanson d'amour qu'il puisse imaginer ». Cette première version, enregistrée à Londres va même être diffusée une unique fois sur les ondes d'Europe 1. Mais l'actrice est à l'époque mariée à un homme d'affaires allemand, Gunter Sachs, qui n'apprécie pas du tout l'étalage de l'aventure de son épouse. Le scandale éclate et l'époux outragé menace de poursuites judiciaires. Le disque ne sortira jamais et l’idylle entre les deux artistes s'achèvera.

Cette chanson, elle va rester dans les tiroirs de Serge Gainsbourg une bonne année. Mais un nouvel amour va changer la donne et une jeune Anglaise, Jane Birkin, va redonner vie au titre scandaleux.

« Je ne suis pas sûr que l'original aurait été un succès international »

En 1971, dans l'émission « Discorama », Serge Gainsbourg revenait sur la renaissance de cet hymne à l'amour charnel : « Je crois que c'est elle [Jane] qui a fait le succès de "Je t'aime… moi non plus", ça n'est pas moi. Je l'ai senti d'ailleurs. J'ai mis son nom en énorme et moi en tout petit et sa photo. C'était une chanson qui n'a pas été faite pour elle, qui était faite pour Bardot et que j'avais décidé, avec Bardot, de ne pas sortir parce qu'il y avait à l'époque des journaux à scandale, etc. Ça avait pris une mauvaise tournure puis je me suis juré de ne jamais réenregistrer cette chanson. Et puis, à la réécoute, j'ai dit non, ça ne va pas ! C'est un trop joli thème..., l'artiste a alors l'idée d'offrir la chanson à son nouvel amour comme il le raconte encore, j'ai fait écouter à Jane, qui d'abord était choquée par la tension. Et puis, je me suis mis au piano. Nous avons gardé la tonalité, Do majeur, qui avait été l'originale. Elle a pris carrément l'octave au-dessus ! Ce qui fait que ça a donné une couleur très particulière et très juvénile et c'est ça qui a fait marcher le disque. Je ne suis pas sûr que l'original aurait été un succès international », concluait-il.

« J'ai rougi complètement quand j'ai entendu ça »

C'était ensuite au tour de Jane Birkin de narrer comment son Pygmalion l'avait convaincu d'enregistrer ce titre, plutôt osé à son goût, notamment les râles suggestifs : « Je pense que c'étaient les respirations, parce que je ne comprenais pas les mots (…) J'ai rougi complètement quand j'ai entendu ça et je n'ai jamais voulu la réentendre. La chanteuse revenait sur ses résistances, Après ça, il était question que d'autres la chantent et il m'a écrit une autre chanson qui était le prélude de Chopin (…) et j'ai trouvé la mélodie très jolie. Alors, j'ai chanté. Je comprends les gens qui étaient choqués par ça. C'est assez étonnant, mais je pense que c'était assez pur aussi. »

Jalousie et féminité

En 1974, dans l'émission « Sports en fête » de Michel Drucker, Jane Birkin expliquait la motivation principale qui l'avait poussée à s'approprier ce titre osé. Une confession à découvrir dans la vidéo ci-dessous.

« Je voyais plein d'actrices bien roulées qui venaient à la maison en disant : vous n'auriez pas une chanson bien sexy… alors, je pensais : Oh zut, il faut que je fasse gaffe (…) Alors, le jour où il m'a entendu chanter un peu haut dans le bain… alors, il a dit : tu ne voudrais pas chanter un prélude de Chopin. J'ai dit, oui, je veux bien et il a dit "Je t'aime moi non plus". J'ai dit oui, oui, vite, avant qu'une autre actrice plus jolie que moi le fasse avec lui. Alors, j'ai fait ça par jalousie. »

Elle racontait ensuite pourquoi ils avaient préféré l'enregistrer sur un 33 tours plutôt que sur un disque simple : « Il a donc fallu que Serge Gainsbourg écrive 10 chansons de plus pour sortir celle-ci. Elle a fait le tour du monde et est devenu numéro un en Angleterre. »

Les deux artistes ont eu une bonne intuition puisque le titre est devenu un succès international qui a même occupé la première place des charts britanniques ! Belle revanche pour une chanson qui aurait dû rester dans l'oubli. Et Serge Gainsbourg, chez lui en 1973, interviewé dans l'émission « A bout portant » de Michel Lancelot confiait sa grande fierté face à ce succès inattendu : « C'est la première fois qu'une chanson française a été première en Angleterre. Je ne suis pas prêt de l'oublier. »

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