Michel Drucker, impressionné par ce qu'il a vu aux Etats-Unis
C’est avec Michel Drucker, le 11 septembre 1977, que les téléspectateurs français ont vent pour la première fois du succès phénoménal aux Etats-Unis d’un film pas comme les autres, Star Wars. Le film y tient le haut de l’affiche depuis la date de sa sortie, le 25 mai.
Le journaliste vedette de TF1 revient d’Amérique où il a été impressionné par les recettes économiques du film. Les foules qui se pressent à l’entrée des cinémas, la publicité autour de l’œuvre ainsi que l’essor des produits dérivés font de Star Wars un véritable phénomène de société.
Le film est projeté en clôture du festival de Deauville, environ un mois avant sa sortie commerciale en France. C’est à cette occasion que Michel Drucker demande à Jodie Foster et Claude Lelouch s’ils ont aimé cette « aventure gigantesque qui restera sans doute dans les annales et dans l’histoire du cinéma ». Réponse positive des deux personnalités : « Film vraiment extraordinaire, réalisé avec tellement de créativité », s'enthousiasme la jeune Jodie Foster, « film complètement fou, avec un humour formidable », renchérit le réalisateur d' Un homme et une femme, décidément emballé.
Carrie Fischer, « princesse indépendante »
L’actrice Carrie Fisher, qui prête ses traits à la princesse Leïa, évoque dans une interview donnée en français le 3 octobre les caractéristiques de son personnage et dévoile les éléments centraux de l’histoire. L'actrice prévient que son rôle, « très indépendant, est très éloigné du stéréotype [européen] de la princesse ».
Gary Kurtz, « Flash Gordon comme genèse de Star Wars »
Le 17 octobre, deux jours avant la sortie tant attendue du film en France, l’émission Aujourd’hui magazine donne la parole au producteur de Star Wars, Gary Kurtz. Ce dernier est l’artisan du succès du précédent film de George Lucas, American Graffiti, réalisé en 1973, qui a triomphé aux Oscars.
Les deux hommes avaient souhaité adapter au cinéma les aventures de Flash Gordon, mais avaient du renoncer en raison du coût trop élevé du projet. Ils se lancent alors dans l’aventure Star Wars, avant même la fin du tournage d'American Graffiti : « Nous avons passé un an et demi à penser aux problèmes de préparation de matériel, aux effets spéciaux, maquettes, au scénario, avant d’être sûrs que nous pourrions faire le film que nous espérions ».
Sur France Inter, les cinéphiles du Masque et la plume s'interrogent sur un nouveau genre de cinéma
A la radio, les auditeurs du Masque et la plume découvrent le film à travers les critiques de Jean-Louis Bory et Michel Perez. Pour Jean-Louis Bory, c'est un film devant lequel « on s’amuse beaucoup », et dans lequel « on trouve des tas de choses ».
Avec, pour commencer, une adaptation remarquée des romans de chevalerie et de la littérature populaire : « On a pris tous les ingrédients de la littérature chevaleresque, populaire, et on les a transplantés dans le monde de la science fiction ».
La confrontation entre les « chevaliers noirs et les chevaliers blancs », à l'aide de sabres laser comme autant de « duels fantastiques à l'épée » n'est pas pour lui déplaire, tout au contraire de Georges Charensol, qui moque « de simples néons ».
Jean-Louis Bory remarque également avec amusement « l'écologie sidérale » du film, ainsi qu'une autre idée intéressante, selon lui, celle d'une représentation imparfaite de la modernité, dans laquelle les « machines peuvent se détraquer ». C’est ainsi la fonction des deux robots C3PO et R2D2, qui par leurs imperfections représentent l’essence de l’homme, à la manière du couple comique de Laurel et Hardy.
Nuance importante cependant pour le critique du Masque et la plume : une représentation trop complaisante du fascisme latent au fil de cette confrontation intergalactique entre forces du Bien et forces du Mal.
Michel Perez, au contraire, déplore la pauvreté du film, tout en reconnaissant son plaisir de spectateur : « Star Wars est une machine psychédélique pour un public planant ». Selon lui, si l’œuvre est un chef-d’œuvre visuel, au montage brillant qui préfigure une nouvelle modernité du cinéma, le film « n’apporte rien sur le fond, mais propose un simple objet de consommation », magnifique certes, mais vide.
1977 aura été une année faste pour Star Wars : le film termine premier au box-office mondial et américain, et en deuxième position en France. Bien au-delà de l'avis pessimiste de la journaliste de France Inter Sophie Dumoulin, qui après la projection du film au festival de Deauville, « craignait que le public français ne soit plutôt déçu ».
Sur le même sujet