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1977 : Vital Michalon, le manifestant écologiste tué à Creys-Malville

1977 : Vital Michalon, le manifestant écologiste tué à Creys-Malville

Un manifestant de Sainte-Soline est entre la vie et la mort. Selon les organisateurs de la manifestation, il aurait été atteint par une grenade lors du rassemblement contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres, samedi 25 mars. En 1977, un manifestant avait trouvé la mort lors d'un rassemblement anti-nucléaire, tué sous le coup d'une grenade offensive.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.03.2023
 

L'ACTU.

Samedi 25 mars, lors d'une manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) au cours de laquelle ont eu lieu de violents heurts entre les forces de l'ordre et les manifestants, un militant écologiste « aurait reçu une grenade GM2L au niveau de la tête », selon les organisateurs de la mobilisation. Celui-ci, qui n'a pu être évacué que plusieurs heures plus tard, est dans le coma et « son pronostic vital reste engagé » selon un communiqué daté du mardi 28 mars.

La manifestation avait pour but de s’opposer à la construction de grandes réserves d'eau, appelées méga-bassines, utilisées pour l'agriculture.

L'ARCHIVE.

« C'est au début de cet après-midi, à Creys-Malville, que tout a brusquement dégénéré. » Le 31 juillet 1977, Vital Michalon participait à un rassemblement contre le projet de centrale nucléaire de Superphénix sur le site de Creys-Malville en Isère. Il fut tué lors des violents affrontements qui eurent lieu, après avoir reçu une grenade offensive lancée par les forces de l'ordre.

Au journal télévisé de TF1 du soir-même, comme on l'entend sur l'archive en tête d'article, une lecture des événements était proposée. « Le puissant dispositif policier mis en place autour de la future centrale a été obligé d'intervenir pour refouler des commandos de manifestants, casqués et armés de cocktails Molotov, qui tentaient de franchir les barrages et d'entrer dans la zone interdite. » De ces heurts, le présentateur faisait état d'un mort, Vital Michalon, et de plus d'une centaine de blessés, « dont cinq gendarmes mobiles grièvement atteints. »

Vital Michalon serait mort d'un arrêt cardiaque

Un récit des faits était déroulé : « Il est 7 h. (...) Les quelque 18 à 20 000 manifestants quittent leurs quatre lieux de campement pour se diriger à pied vers le site interdit de Creys-Malville. Plusieurs tentatives d'infiltration échouent. » Sur tous ces militants, estimait le journaliste, « près de 2 000 autres sont armés de casques et de bâtons. Ils prennent position. (...) Plusieurs cocktails Molotov sont lancés, une voiture prend feu, et c'est l'affrontement très violent. »

Les images, tournées par les équipes de TF1 et qui peuvent être dures à visionner, montraient Vital Michalon, entre la vie et la mort, entouré d'une équipe de médecins tentant de le réanimer pendant « au moins un quart d'heure ». Une « tragédie » disait le commentaire, posant un premier diagnostic : « bientôt il faudra reconnaître cruellement les faits, ce manifestant de 31 ans, monsieur Michalon, (...) a succombé à un arrêt cardiaque ».

Après l'annonce de la mort du militant, précisait le journaliste dans l'archive, « le gros des manifestants, qui n'était pas venu pour se battre, se replia. » Michel Bonhomme, de la coordination des comités Malville, organisatrice de la manifestation, dénonçait une violence comme « le fait d'une toute petite minorité ». « En ce qui concerne la violence, nous ne pouvons que la regretter puisque la coordination des comités Malville a appelé à un rassemblement pacifique. (...) Un certain nombre de camarades, qui n'ont pas compris l'esprit de ce rassemblement ont eu un certain nombre d’attitudes que nous ne partageons pas, mais nous ne pouvons que comprendre leur réaction par rapport à la violence que représente Superphénix. »

L'enquête qui suivit l'événement ne détermina aucune responsabilité et la justice prononça un non-lieu.

Les grenades utilisées par les forces de l'ordre responsables

Cependant, comme le mentionnait Emmanuel Michalon au Parisien en 2014, son frère n'était pas mort d'une crise cardiaque : « Il a été touché par une grenade offensive. Il n'avait aucune blessure sur le corps. Les autorités ont d'abord voulu nous faire croire à une crise cardiaque. L'autopsie a démontré que c'est l'effet de souffle qui lui a explosé les poumons. »

Sur les lieux où le jeune homme a été tué, une stèle mentionne désormais : « En souvenir de Vital Michalon, 31 ans, tué par les forces de l'État, le 31 juillet 1977 lors de la manifestation contre Superphenix ». À l'époque, plusieurs membres du Parti socialiste demandèrent l’interdiction de l'utilisation de ces grenades offensives par les forces de l'ordre suite à une pétition lancée par des proches de Vital Michalon. Néanmoins, ce n'est qu'en 2014, à la suite de la mort dans des circonstances similaires d'un autre manifestant, Rémi Fraisse, qu'une interdiction fut émise.

Les grenades offensives F1 furent interdites et remplacées par des GLI-F4. Contenant de la TNT, celles-ci furent également remplacées à partir de 2018. Leurs remplaçantes, les grenades GM2L, sont des grenades lacrymogènes et assourdissantes, censées être moins dangereuses, car elles ne contiennent pas de TNT, mais sont toujours classées armes de guerre dans le Code de la sécurité intérieure. C'est ce type de grenade offensive qui est aujourd'hui mise en cause par les organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline, pour avoir blessé le manifestant dans le coma.

Creys Malville
1977 - 00:54 - vidéo

Au lendemain du rassemblement sur FR3, les manifestants « demandaient la libération des 19 personnes interpellées hier pendant la marche sur Creys-Malville,  et qui pourraient être inculpées en vertu de la loi anti-casseur. »

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