Homme de théâtre et de cinéma, notamment des films de Jacques Audiard, l'acteur français Niels Arestrup, récompensé par plusieurs César et un Molière, est mort dimanche 1er décembre 2024 à l'âge de 75 ans.
Se tenant volontiers à l'écart d'une célébrité acquise tardivement, Niels Arestrup avait obtenu deux premiers César du meilleur second rôle pour des prestations devant la caméra du même réalisateur, Jacques Audiard, pour De battre mon coeur s'est arrêté (2005) et Un prophète (2009). Il a aussi tenu en 2016 l'un des principaux rôles de la série de fiction politique Baron noir, où il n'a accepté de jouer que dans la première saison. «Je refuse d'incarner un personnage récurrent, de m'embarquer pour deux ou trois ans dans un rôle qui finit par vous coller à la peau», expliquait-il au Monde en 2019.
Niels Arestrup devait son nom à un père danois qui avait tenté d'émigrer vers les États-Unis mais s'était arrêté en France pour se marier. Ce père ne lui parlait que français, dans un milieu très modeste en région parisienne. «Vous imaginez bien que fils d'ouvrier à Bagnolet dans les années 1950, le spectacle, le théâtre, le cinéma, c'était quelque chose qui n'entrait pas du tout dans mes pensées», disait-il au Figaro en 2021. Mais il s'était passionné pour le théâtre en prenant des cours avec la comédienne Tania Balachova. Il resta fidèle à la scène pendant près d'un demi-siècle, et rejeta largement la célébrité.
De 1989 à 1993, il a lui-même pris la direction d'un théâtre, celui de la Renaissance à Paris. Parmi tous ses rôles, plutôt de personnages sombres et inquiétants, le dernier a été au cinéma celui d'un chef d'orchestre dans Divertimento en 2023.
Un troisième et dernier César du meilleur second rôle lui a été remis en 2014 pour son incarnation d'un directeur de cabinet dans Quai d'Orsay. Sa carrière, également marquée par l'obtention d'un Molière du meilleur comédien en 2020, a été aussi entachée par des accusations de violences contre des actrices lors de tournages ou de répétitions, entre autres par Isabelle Adjani ou Myriam Boyer. Il n'a jamais été visé par une plainte.
On le retrouve en 2015 dans l'archive en tête de cet article avec Catherine Ceylac dans la séquence Dos dos de «Thé ou café». Il évoque sa vie, son père, ses tourments et ses difficultés.