Donner la parole au peuple
Indépendance et liberté : deux principes qui constituent la pierre angulaire de Libération. Ce contrat moral a été respecté durant 33 années par Serge July. En 2006, le patron emblématique est remercié par l'actionnaire principal, Edouard de Rothschild. Le quotidien a ainsi perdu l'un de ses co-fondateurs.
Serge July quitte Libération
2006 - 02:09 - vidéo
C'est en effet aux côtés de Jean-Paul Sartre et au lendemain des événements de mai 1968 que Serge July a participé à la création d'un journal destiné à «donner la parole au peuple». Dans «Radioscopie» de Jacques Chancel, le philosophe revient sur les principes fondamentaux de ce quotidien qui «doit être l'expression d'une démocratie directe où le peuple parle au peuple» : il ne doit pas subir de pressions financières (via des capitaux ou de la publicité) ; il ne doit pas appartenir à un parti politique et il doit être animé par une variété de journalistes ayant diverses opinions.
Jean-Paul Sartre sur le journal Libération
1973 - 03:20 - audio
Le 18 avril 1973, un premier numéro de quatre pages est donc édité. Conçu sous la forme d'un manifeste, il prône ce qui deviendra la charte du journal. Une souscription pour le financement «d'un organe quotidien entièrement libre» est mise en place. Le journal sort ensuite pour la première fois en kiosque le 22 mai 1973. Il devra grandir seul, sans publicité ni actionnaires. Principe d'autofinancement.
Numéro spécial du journal Libération consacré à Jean-Paul Sartre
1980 - 02:23 - vidéo
Avant et après 1981
Au départ, le projet est issu des milieux intellectuels maoïstes. Des militants d'extrême gauche et des journalistes composent la rédaction. Deux tendances, donc, et des divergences, qui sont avant tout pour l'équipe une source de réflexion. Jouant de son style corrosif et provocateur, Libé peut tout se permettre.
Serge July à propos du journalisme à Libération
1980 - 04:53 - audio
Ainsi, le quotidien roublard émerge bon gré mal gré du reste de la presse française, jusqu'au mois fatidique de février 1981 où la parution est suspendue.
Serge July répond à la question un peu provocante de Rachel Assouline : «Pourquoi en 1981, avez-vous fait ce choix clinquant des nouveaux actionnaires de Libé ? Est-ce la conséquence de votre fascination pour les puissants» ?
Les nouveaux actionnaires de Libération
1986 - 01:56 - vidéo
Serge July sur la nouvelle parution du journal Libération
1981 - 06:45 - vidéo
Ambiance libération
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En effet, Serge July ne veut plus d'un journal marginal et opte pour une stratégie radicale : arrêter le quotidien, licencier toute l'équipe. Alors que les rotatives tournent pour un dernier numéro, celui du 23 février 1981, en coulisses, on réfléchit à une formule ambitieuse. Il y aura désormais un avant et un après 1981.
Dernier numéro de Libération
1981 - 02:18 - vidéo
Le 12 mai 1981, le numéro zéro d'un «Libé» inédit célèbre la victoire de François Mitterrand. Mais c'est en février 1982 que le journal connaît son plus grand bouleversement : des petites annonces payantes et des publicités s'immiscent dans les filets du quotidien. Avec également deux pages consacrées à la bourse et l'arrivée d'actionnaires dirigeants. Le nouveau Libération s'émancipe de l'anti-capitaliste qu'était Sartre.
Financement libération
1983 - 01:55 - vidéo
En 2014, Libération passe sous la barre des 100 000 exemplaires vendus. Pour faire face aux difficultés financières, la direction annonce la suppression de 93 postes et une réorganisation des activités tournées vers les projets multimedia.
Après avoir été le journal phare des années 80, Libération aborde l'âge adulte trop sagement. Pour certains, peu à peu, il perd sa différence, son originalité. La naissance du prochain Libération, troisième du nom, est alors annoncée.
Claude Maggiori à propos de la nouvelle identité visuelle du journal Libération
1984 - 02:19 - vidéo
Plus grand, plus gros, il compte 80 pages et a pris des couleurs.
Serge July à propos du nouveau look de Libé
1984 - 01:23 - vidéo
En 1995, un supplément magazine tente de séduire.
Le Magazine Libération
1994 - 01:30 - vidéo
En 1996, le journal adopte une stratégie multimédia.
Stratégie multimedia
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Mais le lecteur n'accroche pas. «Libé 3» est un échec commercial et financier. Pour faire face à ce coup dur supplémentaire, un plan est annoncé : cure d'amaigrissement de la pagination et des effectifs, croissance du prix de vente.
Libération plan de sauvetage
1995 - 01:48 - vidéo
En février 1996, les salariés votent le plan de recapitalisation du journal, et le groupe Chargeurs devient l'actionnaire principal en apportant 60 millions de francs dans les caisses.
Serge July à propos de la participation du groupe Chargeurs
1996 - 02:46 - vidéo
C'est un véritable changement culturel pour les employés qui étaient jusqu'alors propriétaires du quotidien.
Fin du conflit à Libération
1996 - 01:56 - vidéo
Depuis, submergé dans un marché de la presse devenu incertain, le quotidien vacille. Les années se suivent, les crises se ressemblent : grèves, absence des kiosques, recherche de nouveaux actionnaires. Finalement, c'est Serge July lui qui se dit prêt à partir si cela peut améliorer la santé financière du journal. Il s'en va le 30 juin 2006.
Serge July quitte Libération
2006 - 02:09 - vidéo
Une page alors se tourne avant une future sortie de crise.
En 2023, année du 50e anniversaire du journal, Serge July reviendra dans les pages de Libération.
Libération sort de la crise
2007 - 02:13 - vidéo