Les éléphants d'Afrique se composent de deux espèces différentes, les éléphants de forêt et de savane. Jusqu'à présent, elles étaient considérées comme « vulnérables ». Jeudi 25 mars, les experts de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont mis à jour leur liste rouge et considèrent désormais que ces deux espèces sont « en danger », voire même « en danger critique ».
L'éléphant de forêt est le plus concerné, avec, selon le journal Le Monde, une chute de sa population de plus de 86% en 31 ans. Les éléphants de savane, icône de l'Afrique, ont quant à eux vu leur nombre chuter d'au moins 60% en 50 ans.
Le 9 juillet 2013, Nicolas Hulot est interviewé en duplex par David Pujadas pour le 20h de France 2. Le militant de la cause écologiste alerte sur la « situation dramatique » des éléphants d'Afrique, après avoir pris le pouls auprès des « responsables locaux, gestionnaires de parc, associations, chercheurs » au « Cameroun, Gabon, Congo et République démocratique du Congo ».
Le « cri d'alarme » de Nicolas Hulot porte avant tout sur les éléphants de forêt, dont il prévoit la « disparition d'ici 5 à 10 ans » si rien n'est fait.
Des braconniers organisés
La cause de cette catastrophe, qui concerne tout autant les éléphants de savane, c'est très souvent le braconnage, qui s'est considérablement développé au cours des années 2000 pour répondre à la demande asiatique : « On est passé d’un braconnage de subsistance à une criminalité organisée », qui fournit notamment le marché très porteur de la « Chine et de ses [nouvelles] classes moyennes ». La Chine, un pays dans lequel « l’ivoire est un signe de réussite sociale, sans forcément d’ailleurs que les consommateurs fassent la relation de cause à effet ».
Pour répondre à cette demande, les braconniers se sont organisés en petites armées. Nombreux sont ceux qui « descendent du Soudan » dans les pays à forte concentration d'éléphants : Congo, Tanzanie, Centrafrique, Tanzanie, Cameroun, Ouganda. Les écogardes affectés à leur protection en paient le prix fort. Selon Nicolas Hulot, entre 2003 et 2013, ce sont « plus d'un millier » de ces rangers qui ont perdu la vie. Quant aux éléphants, rien qu'en 2012, 25 000 d'entre eux ont été tués, sur une population alors estimée à 472 000.
Drame
Autre facteur qui menace les éléphants d'Afrique, la réduction de leur espace de vie. Prenant l'exemple des éléphants de savane de la région australe, Nicolas Hulot dénonce des situations de « conflits » empêchant les pachydermes de se déplacer à travers des corridors entre les différents espaces qui leur sont attribués. Résultat, « il y a trop d'éléphants par rapport au trop peu d'espace qui leur est concédé. On trouve des problèmes de surpâturage, de dégénérescence génétique ».
Devant ce « problème complexe », Nicolas Hulot se montre pessimiste : « Qui sera là pour recueillir les larmes du dernier éléphant de forêt qui risque de disparaître ? Je ne veux pas être de cette génération qui sera témoin de ce drame. »
Pour aller plus loin :
Le 12 février 1985, dans l'émission Terre des bêtes, un reportage sur les éléphants d'Afrique : Petit documentaire sur les éléphants, les dégâts qu'ils commettent sur les terres et dans les forêts et leur protection au sein des réserves.
Un dossier Ina.fr sur les éléphants, à l'occasion de leur journée mondiale, le 12 août.
Un extrait de rushes du film "Home" de Yann Arthus Bertrand (2009) : Dans la réserve naturelle de Masai Mara, au Kenya, survol d'un troupeau d'éléphants se déplaçant dans la savane.