Après 125 jours, 19 heures, 32 minutes et 33 secondes en mer, au petit matin du 3 mai 1989, Olivier de Kersauson rejoint le port de plaisance du Moulin Blanc, à Brest, à bord de son trimaran de 23 mètres 20, "Un autre regard". Il vient de vivre une aventure extraordinaire ponctuée de rebondissements et de battre de quatre jours le précédent record du monde détenu par Philippe Monnet en 1987. Après des semaines de solitude, c'est accompagné d'une escorte de nombreux plusieurs bateaux officiels et privés que le navigateur franchit le passage de la ligne d'arrivée à la Pointe du petit minou. Sa femme et son fils l'accompagnent du regard sur un bateau tout proche. Au port, une foule d'admirateurs l'acclament au son des cornes de brumes.
A son arrivée, c'est ému et un peu étonné qu'il commente cet accueil très chaleureux et bruyant. "La nature m'a doté, outre d'une constitution rachitique, que j'ai réussi à corriger avec les années, d'une constitution cérébrale qui ne me perturbe pas trop en face de beaucoup de gens. Je suis timide, dans la mesure où je n'aime pas déranger mais là, visiblement, ce n'est pas moi qui vous dérange. C'est vous qui venez me déranger. Je peux vous parler avec énormément de liberté. Sur ce, je vais boire un petit coup. C'est très mal élevé mais c'est juste pour vous montrer que ce n'est pas empoisonné…" et il boit au goulot une bouteille de champagne pour fêter "sa victoire et son entrée dans l'histoire de la voile."
Plus tard dans la soirée, dans le journal de Rennes Soir, le navigateur commente sa course, son retour très médiatique et ses projets.
"J'étais étonné de l'accueil. En plus il y a avait des bateaux… on se serait cru à New York, c'était sympa. En plus, il faisait un temps superbe comme il peut faire en Bretagne et ça m'a fait plaisir. J'étais vraiment content de rentrer à Brest… J'ai décompressé juste après avoir coupé la ligne et c'est là que je me suis rendu compte qu'il y avait énormément de bateaux et de gens…" Le navigateur n'a pas l'impression d'avoir réalisé un exploit mais avoue "J'ai le sentiment d'avoir fait un truc que je voulais faire et je pense que vu les conditions météorologiques déplorables que l'on a eu depuis le Cap Horn, je pense qu'on a été très vite et ça, je suis assez fier." Il rend d'ailleurs hommage à son routeur météorologue Claude Fons et à son équipe "hyper compétente" qui surveillait ses arrières. "Tant que je n'avais pas d'alerte de sa part, je pouvais penser au bateau et qu'au bateau." Des images montrent ensuite leurs retrouvailles émouvantes quelques heures plus tôt. Olivier de Kersauson explique que battre le record est impossible sans un routeur et qu'il faut également une préparation très pointue du bateau car la sollicitation du matériel est effrayante.
Retour sur quelques temps forts de la traversée en images.
Résumé de sa traversée en images.
Dernier briefing météo avant le départ, entre le routeur Claude Fons et le skipper. Après la présentation de son itinéraire sur une carte animée, interview du navigateur qui évoque son parcours. Plus tard, le skipper à la manoeuvre parle de son bateau et de l'énergie nécessaire au navigateur : l'organisation et l'économie d'énergie sont primordiales pour éviter l'épuisement.
Le 28 décembre 1988, Olivier de Kersauson entame son tour du monde en solitaire. Son objectif est de battre le record de 129 jours établi en 1987 par Philippe Monnet. Le parcours s'étale sur 27.000 miles soit près de 50.000 km, passant par trois caps dont Bonne Espérance et Horn.
Le 3 février 1989, Olivier de Kersauson est obligé de faire une escale forcée de 48 heures à Cape Town (Afrique du Sud) pour réparer son pilote automatique défectueux. Le trimaran est au mouillage dans la baie de Cape Town, car le navigateur a refusé de mettre le pied à terre. On assiste au débarquement du matériel nécessaire à la réparation, puis aux réparations du pilote automatique. Interviewé d'Olivier de Kersauson déclare "On peut terminer un tour du monde sans voile, sans foc mais pas sans pilote…" un pilote, indispensable pour la partie la plus difficile qui lui reste à parcourir dans les mers froides du Sud, avec de la glace.
Le 24 avril 1989. Reportage au centre de météorologie de Guipavas lors d'une liaison avec le navigateur qui a passé le Cap Horn dans de bonnes conditions météo avec une mer plate. Il va faire escale à Mar del Plata (Argentine) pour plusieurs réparations. Liaison radio du routeur Claude Fons avec le skipper qui parle des conditions de navigation, du cap à suivre, des difficultés posées par le matériel quelques heures avant le passage du cap Horn. Ils plaisantent sur sa condition physique et le navigateur ironise "Je serais incapable de baiser…"
Le 28 avril 1989, exclusivité France 3 Rennes : les premières images prises d'hélicoptère du trimaran quelques jours avant son arrivée dans son tour du monde en solitaire à la voile débuté en décembre 1988. Réaction de son routeur Claude Fons sur son arrivée prochaine et les conditions météo depuis le cap Horn : il a eu des vents contraires et maintenant un temps très calme avec un anticyclone qui le ralentit et a nécessité de modifier un peu l'itinéraire. Témoignage du cameraman Jobik Delage qui a tourné les images en hélicoptère. Un morceau de viande cuisiné lui a été largué depuis l'avion de la marine nationale pour le changer un peu de son régime alimentaire habituel…
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Florence Dartois
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