La SNCF renonce. Après des années de concertation avec la ville de Paris, l’étude de plusieurs cabinets d’architectes et une modification importante de son projet en novembre 2020, la société ferroviaire abandonne l’ambitieux projet de rénovation de la gare du Nord. Porté par la société StatioNord, une société commune entre Ceetrus, filiale immobilière du groupe Auchan, et la SNCF, ce projet devait transformer la première gare d’Europe en vue des jeux olympiques de 2024. Mais les surcoûts importants du chantier et un calendrier en constant dérapage ont décidé la SNCF d’y mettre fin en l’état.
La SNCF va néanmoins « immédiatement engager […] la conception d'un nouveau projet de transformation de la Gare du Nord, élaboré en concertation étroite avec les acteurs publics concernés », a tenu à préciser l'entreprise ferroviaire. La mairie de Paris et les associations de riverains sont toujours très attachées à la transformation de cette gare qui occupe une place importante dans la vie du 10e arrondissement, mais aussi dans les transits entre la capitale et sa banlieue. Car en plus de l'accueil des trains internationaux, nationaux et régionaux, la gare est également un pôle essentiel des flux de métro et de RER pour Paris et sa banlieue.
Haussmannien
La gare du Nord, construite en 1846, a acquis son visage actuel, et notamment la grande façade monumentale sur la rue de Dunkerque, en 1866, après les travaux de restructuration entrepris par Jacques Hittorff, architecte en chef des transformations du Paris haussmannien. Jusqu’à la fin des années 1990, le bâtiment en surface ne subit pas de changements majeurs.
Mais le 22 novembre 2001, après quatre ans de travaux, Daniel Bilalian annonce dans le journal télévisé du 13h de France 2 « la peau neuve » de la gare : une vaste verrière, destinée à faciliter les déplacements des voyageurs parisiens et franciliens qui empruntent la gare souterraine, a pris place à côté du bâtiment historique.
Flux souterrain
Car en sous-sol, de nombreux aménagements ont au contraire eu lieu tout au long du XXe siècle : dès 1907, les deux lignes de métro desservant la gare sont ouvertes (la 4 et la 5). Surtout, à la fin des années 1970, la construction de la gare souterraine destinée à accueillir la ligne B du RER et les lignes du réseau régional créée de nouveaux usages et entraîne un nombre accru de voyageurs. Enfin, en 1999, une nouvelle ligne de RER est accueillie gare du Nord, la ligne E (Eole). Lionel Jospin inaugurera ce nouveau site, le 12 juillet 1999, qui porte le nom de gare souterraine de Magenta (du nom du boulevard qui jouxte la gare).
Tous ces flux en sous-sol, et les liaisons nécessaires avec les quais en surface, vont donc entraîner en 2001 la construction d'une vaste verrière. Le commentaire du reportage de France 2 montre tout le chemin parcouru : « Une halle de verre et de métal abrite désormais un espace clair et la lumière devrait inonder les cinq strates de la gare. Tout a été fait pour casser l’ambiance oppressante ». L’une des architectes, Joëlle Deson, évoque cet inconfort qu’éprouvaient les usagers de l’ancienne gare : « Auparavant, les gens se perdaient et avaient un sentiment d’insécurité, puisqu’il n’y avait pas de lumière naturelle ». Une lumière d’autant plus importante que les vitres de la grande verrière du XIXe siècle étaient totalement noircies par la fumée des trains à vapeur qui desservaient la gare jusqu’en 1970.
Déjà première gare d’Europe au début des années 2000 avec 160 millions de voyageurs par an, la gare du Nord atteint en 2018 un trafic record de 292 millions de voyageurs, trafic du RER B compris.