Le réalisateur Claude Otzenberger entouré de l'équipe de tournage du reportage « Portrait de l'Univers : les atomes nous veulent-ils du bien ? » Crédits : Jacques Chevry.
Nous sommes en 1974. Le réalisateur Claude Otzenberger tourne à l'usine de La Hague une émission consacrée aux atomes, à leur utilité et à leur danger. Le sujet est sensible. La question du nucléaire divise l'opinion et les mouvements anti-nucléaire se font de plus en plus entendre. Avec ce film, Claude Otzenberger tente d'informer le public sur les risques liés à l'expansion du parc nucléaire en France. Pour cela, il aborde à la fois la technologie de l'atome, ses bienfaits, mais aussi ses effets pervers : le risque d'explosion, le danger sur les chaînes alimentaires, la contamination des poissons, les emballages et les convois de plutonium vers les zones de stockage où l'on enterre les déchets radioactifs.
Initialement programmé à la télévision le 18 juin 1974, l'émission de Claude Otzenberger est retirée au dernier moment des antennes de l’ORTF sur décision de son directeur général Pierre Sabbagh car les syndicats de l'énergie nucléaire demandent qu'elle soit suivie d'un débat. De plus, trois des participants (Louis Leprince-Ringuet, Francis Perrin et Raymond Latarjet, directeur de l'Institut du radium) demandent l'interdiction de l'émission car « elle est empreinte de partialité et de parti pris ».
Compromis
Le 14 septembre 1974, à l’Assemblée nationale, le député Jean-Pierre Cot, « attire l’attention de M. le Premier ministre sur la nécessité d'informer complètement l'opinion publique française sur les conséquences de l'installation de centrales nucléaires sur le territoire français ». Il lui demande si, dans cette perspective, « il ne serait pas souhaitable d'insister sur la programmation à la télévision du film de Claude Otzenberger Les atomes nous veulent-ils du bien », qui devait passer le 18 juin et qui a été retiré pour des raisons qui semblent témoigner « d'une curieuse conception de l'immaturité du public ». Le porte-parole du gouvernement, André Rossi, trouve alors un compromis : les interviews seront coupées, un autre film sera tourné pour apporter la contradiction et ces deux émissions seront suivies d'un débat.
Les photos du tournage prises par Jacques Chevry montrent des militants du mouvement anti-nucléaire, dont Brice Lalonde, réunis dans des locaux tapissés d’affiches dénonçant le nucléaire. On peut voir leur mobilisation à travers une carte géographique de la France avec tous les comités anti-nucléaires de l’époque. Le reportage comprend également des photos de techniciens en combinaison travaillant dans la salle de décontamination des pièces radioactives à l’usine de retraitement de la Hague et des photos de déchets radioactifs placés dans des fûts dans le centre de stockage de la Manche géré par Infratome. Jacques Chevry a également photographié l’équipe de tournage au travail.
Les atomes nous veulent-ils du bien
1975 - 01:05:35 - vidéo