MARCEL BARBU

Campagne électorale officielle pour l'élection du président de la République. Marcel BARBU se présente comme candidat. - Comme vous, j'ai entendu avec impatience l'intervention du général de Gaulle, mais je n'ai pas entendu parler de nous, Français. Rien de ce qu'ont dit les cinq candidats d'opposition n'a été entendu. Le grand vieillard s'est effacé sans espoir d'émouvoir son coeur. Avec mes amis nous étions consternés, silencieux. - Ainsi, mon général, même ma voix n'a pas atteint votre coeur. Ma présence n'a soulevé aucune question. Je ne suis le cheval de retour d'aucune république, moi. Je ne suis que le Français moyen avec lequel vous avez combattu dans la Grande guerre, sauvé l'honneur du pays en 1940, celui qui vous a fait confiance et que vous n'avez su guider en 1946, celui qui a cru en 1958 que les années vous avaient assagi et que vous étiez le guide génial et généreux. Le peuple a cru qu'il allait être aimé et vous avez déçu ce rêve. - Mon général, je suis un homme libre. Ni moi, ni mes amis ne sommes des anti-quoi que ce soit ni même des anti-gaullistes. Aucun homme, aucune équipe n'est prête à vous succéder, pas même parmi les vôtres. Je vous supplie de me recevoir le plus tôt possible. Vous avez rendu votre coeur inaccessible mais s'il y a une chance de toucher votre coeur d'homme, elle ne peut passer que par un regard et un main serrée. Ce serait un grand malheur pour la France et les Français de vous voir revivre la fin du maréchal Pétain, nous n'en sommes pas encore remis. (des sanglots montent dans sa voix) - mon général, vous avez faim de l'amour des Français. Vous n'avez su obtenir d'eux que de l'admiration, mais ils ne vous aiment pas. Acceptez la main que je vous tend. Ne devenez pas un ennemi du peuple. Et vous, ses proches, sa famille, dites-lui que nous avons encore besoin de lui mais pas de lui tout seul. Il lui reste à gagner sa plus grande bataille : contre de Gaulle.