Aller au contenu principal
L'Aubrac, la petite ligne de train entre Clermont et Béziers

L'Aubrac, la petite ligne de train entre Clermont et Béziers

Si des travaux ne sont pas engagés rapidement, la ligne ferroviaire Clermont-Ferrand à Béziers pourrait fermer à la fin de l'année 2023. Ce train de l'Aubrac, peu emprunté, est pourtant vital pour cette région dont il parcourt les plus beaux paysages. Retour en archives en 1982, lors de la mise en service de la liaison.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 30.08.2023
Le nouveau train "Aubrac" à Massiac - 1982 - 02:40 - vidéo
 

L'ACTU.

Le train de l'Aubrac pourrait bientôt s'arrêter définitivement. Cette ligne, qui relie Béziers à Clermont-Ferrand, est peu fréquentée et nécessite d'urgents travaux. Cette liaison reste pour autant essentielle à la région dont elle traverse les plus beaux paysages

LES ARCHIVES.

« Frère jumeau du Cévenol », l'Aubrac a été inauguré au début de l'été 1982 en grande pompe. À l'époque, animations, bar et voitures Corail garantissaient aux clients un voyage agréable. Le journal télévisé de FR3 Auvergne était sur place. Le commentaire détaillait : « L'Aubrac joint l'utile à l'agréable puisqu'il relie directement Paris Bézier via Clermont en voiture Corail. Un gain de temps et de confort appréciable. Une bonne nouvelle déjà, le nouveau-né sera maintenu en hiver de Clermont et Bézier. »

La création de cette liaison était à mettre en lien avec la volonté du gouvernement Pierre Mauroy « de soutenir la renaissance du train » en rouvrant notamment les lignes abandonnées. Le ministre des Transports, Charles Fiterman, était présent pour l’inauguration et se montrait encourageant : « Il faut qu'il s'établisse un dialogue entre les régions et la SNCF. De ce point de vue, la loi de décentralisation va accorder des nouveaux pouvoirs aux Régions. » Et d'ajouter : « L’État doit intervenir comme élément d'incitation et de soutien, avec une contribution financière »

Signe d'une autre époque, le reportage assurait que le « renouveau du train ne veut pas dire abandon de la route » dans la région. Conséquence : c'est bien la route qui, quelques années plus tard, menacerait l'Aubrac. Dans les années 1990, l'autoroute A75, reliant Clermont-Ferrand à Béziers, gratuite, venait concurrencer très directement la petite liaison.

Le risque d'un désert dans le Massif central

« Trois wagons seulement et en semaine une quarantaine de voyageurs en moyenne tout au long de la ligne : voilà un des plus petits trains de France. » En 1999, dans l'archive du 13 h de TF1 ci-dessous, la possibilité de la fermeture du « seul train qui relie l'Auvergne à la Méditerranée » inquiétait déjà les cheminots.

Et ce, malgré un parcours agréable. En « six heures de Clermont-Ferrand à Béziers », la ligne croisait des endroits où la route n'allait pas. Et elle passait par le viaduc de Garabit construit par Eiffel en 1888, précisait le commentaire. L'occasion de « voir la face cachée de l'Auvergne ».

Le temps du voyage, le contrôleur partageait ses préoccupations. « Nous avons eu peur qu'elle ferme parce que nous avons commencé à fermer des gares, ils ont supprimé des trains, des correspondances. Moi, je tiens à cette ligne, parce qu'elle est jolie et puisqu'elle fait partie du maillage national. Si on commence à fermer cette ligne, ça va être le désert le Massif central. »

Un entretien insuffisant

À l'époque, la ligne avait bénéficié d'un sursis salvateur expliquait la journaliste. « Voyageurs et cheminots ont longtemps craint que la ligne serait supprimée. Mais le choix a été fait de la garder et même de la moderniser. Elle est peu rentable, c'est vrai, mais c'est la seule qui désenclave le Massif central ».

Et puis en 2006, faute d'entretien suffisant, un train avait déraillé. Un rail s'était brisé. La même année, la liaison directe jusqu'à Paris était arrêtée. Désormais l'Aubrac, c'était Clermont-Ferrand-Béziers. Enfin, en 2009, les voitures Corail ont été remplacées.

Une enquête des journalistes de France 3 Clermont-Ferrand datant de 2014 et visible ci-dessous racontait des années de dégradation d'une ligne autrefois priorité gouvernementale. Des trajets ralentis, des ruptures de correspondance, une désorganisation du service... Selon Yves Béral, membre du comité de défense de la ligne Béziers - Neussargues : « La SNCF a tout fait pour que, d'années en années, on vide ces trains de leurs clients. »

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.