Aller au contenu principal
Mitterrand, Chirac, Macron : trois réélections, trois discours d'unité nationale

Mitterrand, Chirac, Macron : trois réélections, trois discours d'unité nationale

Lors de son allocution prononcée au soir de sa réélection dimanche 24 avril, Emmanuel Macron s'est positionné en rassembleur des Français et en serviteur de la Nation. Des thématiques déjà présentes dans les discours prononcés par deux de ses prédécesseurs réélus.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 25.04.2022
 

Emmanuel Macron a été réélu le 24 avril 2022 avec 58,5% des voix contre 41,5% pour Marine Le Pen. Dans la soirée, le président réélu a prononcé son premier discours officiel. Il est arrivé sur le Champ de Mars entouré d’enfants et de son épouse, Brigitte Macron, sur fond d’Ode à la joie de la 9e symphonie de Beethoven, l’hymne européen et s'est exprimé au pied de la Tour Eiffel face à plusieurs milliers de militants.

Dans cette courte allocution, le chef de l'Etat a remercié tous les électeurs ayant voté pour lui pour faire barrage à l’extrême droite: « Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l'extrême droite ». Appelant à l'unité, l'ancien candidat s'est présenté comme « le président de tous ». Il a aussi assuré qu'il chercherait à « trouver une réponse » à « la colère et les désaccords » qui ont conduit à voter pour le projet de l’extrême droite, promettant que ce serait de sa « responsabilité » et celle du gouvernement qui l'entourerait.

L'appel à l'unité, le sens du devoir sont deux thèmes déjà présents dans les discours des président de la Ve République réélus avant lui : François Mitterrand le 8 mai 1988 et Jacques Chirac le 5 mai 2002.

L'archive en tête d'article est un extrait du discours prononcé en direct de la mairie de Château-Chinon par le président socialiste juste après l'annonce des résultats. Il venait de battre Jacques Chirac, son Premier ministre de cohabitation.

François Mitterrand : l'unité nationale

Tout comme dans le discours d'Emmanuel Macron, pour François Mitterrand, il était essentiel de préserver l'« unité » et le « rassemblement » d'un pays présenté comme victime de « trop de difficultés, trop d'incertitudes ». Son premier devoir serait donc, il le promettait, celui d'encourager « la solidarité nationale ». François Mitterrand insistait sur l'importance de la « cohésion sociale » comme socle du rayonnement de la France.

Il était aussi question ce soir-là de responsabilités, comme si une réélection à la présidence de la République impliquait un sens du devoir supplémentaire à l'égard des Français. C'est en tout cas ce que semblait dire François Mitterrand le soir de sa réélection : « Je continuerai donc d'exercer la mission dont j'ai déjà pu éprouver pendant sept ans la grandeur et le poids, mais qui, renouvelée, m'oblige plus encore à faire ce que je dois pour rassembler tous les Français qui le voudront. »

A la fin de son discours, tout comme Emmanuel Macron, François Mitterrand décrivait son second mandat comme un rempart aux temps troublés qui s'annonçaient selon lui : « A l'approche d'un autre millénaire, étape ou symbole, s'ouvre une période nouvelle de notre histoire. Comment vous dire les sentiments qui sont les miens en cette heure grave et solennelle. Je le répète : aimons la France et servons-là. »

Déclaration François Mitterrand
1988 - 05:33 - vidéo

Jacques Chirac : le renouveau

Même ton rassembleur et même sens du devoir dans le discours prononcé ci-dessous par Jacques Chirac le 5 mai 2002 alors qu'il vient de battre Jean-Marie Le Pen. Tout comme Emmanuel Macron, l'ancien chef du RPR a bénéficié d'un large vote barrage républicain, étant réélu avec 82,21% des suffrages.

Les premiers mots du chef de l'Etat rendaient hommage à l'esprit républicain des Français : « la France a réaffirmé son attachement aux valeurs de la République », plaçant l'unité nationale en tête de ses priorités et se présentant, tout comme Emmanuel Macron, comme le « président de tous les Français ».

Pour Jacques Chirac, la priorité de ce nouveau mandat serait le renouvellement du « pacte républicain » et la recherche d'une cohésion sociale. Conscient de la grande responsabilité qui lui incombait, et comme François Mitterrand avant lui, il évoquait une exigence supplémentaire, déclarant solennellement devant les Français : « ce choix m'oblige comme il oblige chaque responsable de notre pays. Chacun mesure bien, à l'aune de notre histoire, la force de ce moment exceptionnel. »

Dans son allocution, Emmanuel Macron a affirmé avoir entendu et compris « la colère et les désaccords » ayant poussé au vote d'extrême droite, des propos proches de ceux de Jacques Chirac en 2002 lorsqu'il déclarait lui aussi avoir entendu l'appel des Français et vouloir initier un nouvel élan « pour que la politique change ». Il l'assurait, « tout dans l’action qui doit être maintenant conduite, devra répondre à cet appel et s’inspirer d’une exigence de service et d’écoute pour chaque française, pour chaque français ».

Une vision qui résonne avec les propos d'Emmanuel Macron qui a déclaré : « Nul ne sera laissé au bord du chemin [...] Cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s'achève. »

Déclaration officielle de Jacques Chirac
2002 - 06:50 - vidéo

Face au caractère particulier de sa propre réélection, Emmanuel Macron vient de prendre toute la mesure des nouvelles responsabilités qu'impliquent un second mandat, en prononçant à son tour les mêmes mots que ses prédécesseurs avant lui : « j'ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir ».

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.