L'Espagnol Ricardo Bofill, décédé vendredi 14 janvier à 82 ans de complications liées au Covid-19, a signé des centaines de réalisations dans le monde et en France, avec pour obsession de mettre l'être humain au centre de l'espace. Au fil de sa carrière, il était entré dans le club très fermé des « architectes-stars » dont font partie Norman Foster, Renzo Piano ou Jean Nouvel.
En France, où il a particulièrement été apprécié, Bofill a signé de grands ensembles d'habitat social, comme les Espaces d'Abraxas à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, où ont été tournées plusieurs scènes de Brazil, film culte d'anticipation de Terry Gilliam en 1985. L'architecte avait pour ambition de créer des utopies urbaines. Mais sur le terrain, dégradés et critiqués par certains habitants, les Espaces d'Abraxas ont bien failli être démolis.
« Les démolir serait un manque de culture. Ce serait une aberration, comme si on démolissait la cité radieuse à Marseille. Mais je ne pense pas que la France soit capable d’une chose pareille », avait-il estimé dans un entretien au Monde en 2014. Tout en reconnaissant n'avoir « pas réussi à changer la ville ».
Réinventer le logement social
Dans l'archive en tête de cet article, il défend son projet, construit de 1978 à 1982 et ouvert cette même année-là pour « réinventer le logement social ». « Je veux faire ici une vie urbaine, un monument habité, un hommage à la vie quotidienne, je crois à la cité, je crois à la convivialité, je crois en la vie en commun », dit-il.
Une habitante témoigne : « C'est pas le bâtiment ordinaire, c'est pas le HLM comme il y a partout ». Un enfant renchérit : « Il y a beaucoup d'espace ». Enfin, un troisième estime : « La vie entre propriétaires et la vie associative a réussi à se développer de façon intense et intéressante ».
Récompensé par de nombreux prix d'architecture internationaux, Ricardo Bofill était officier de l'ordre des Arts et des Lettres français.