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Pierre Haski : «On pouvait s’engueuler à la télévision française pour savoir si le communisme c’était bien ou pas bien»

Pierre Haski : «On pouvait s’engueuler à la télévision française pour savoir si le communisme c’était bien ou pas bien»

Dans le cadre de notre série «Mon archive préférée», le journaliste Pierre Haski revient sur un vif débat qui s’est tenu sur le plateau d’«Apostrophes» en 1978 autour du thème «L’URSS et nous».

Par Benoît Dusanter - Publié le 03.05.2024
L'archive préférée de Pierre Haski - 2024 - 00:00 - vidéo
 

Spécialiste des questions de politiques internationales, le journaliste Pierre Haski propose chaque matin la chronique «Géopolitique» dans la matinale de France Inter. Nous lui avons demandé de choisir et de commenter une archive de notre fonds. Son choix s’est tourné vers l’émission d’ «Apostrophes» intitulée « L’URSS et nous ». Il nous explique pourquoi cette émission de Bernard Pivot l’a particulièrement marqué.

Nous sommes le 10 novembre 1978. Comme chaque vendredi soir, Bernard Pivot propose aux téléspectateurs d’Antenne 2 un débat littéraire autour d’un sujet d’actualité. Ce soir-là sont présents sur le plateau Jean et Nina Kéhayan, un couple de jeunes communistes français qui revient de deux ans d’expatriation à Moscou. Une expérience dont ils tirent un livre, Rue du prolétaire rouge, qui raconte leur quotidien sur place et dénonce la «réalité soviétique». Un ouvrage qui «fait scandale dans les rangs de la gauche» explique Pierre Haski.

En face d’eux, on retrouve deux membres actifs du Parti communiste français, Claude Frioux, universitaire spécialiste des civilisations russes et Alexandre Adler, journaliste et historien. Les deux hommes sont co-auteurs d’un ouvrage collectif L’URSS et nous qui reste fidèle à l’idéologie moscovite.

Tension et cacophonie

Est également présent Vladimir Boukovski, un dissident russe exilé après 10 années passées dans les camps russes, qui « s’étonne qu’à Paris on s’interroge sur le bienfait du communisme alors que lui sort du goulag » commente Pierre Haski.

Très vite à l’antenne, la tension devient palpable et la cacophonie s’installe sur le plateau. Comme l’indique Pierre Haski, « il n’y a pas encore de consensus dans la société française sur le fait de savoir si le communisme soviétique est quelque chose de positif ou pas ». Ce qui interpelle l’ancien correspondant en Chine pour le journal Libération, c’est comment des intellectuels français ont pu « être aveuglés et adhérer à 100%, sans faire dans la nuance, à des idéologies liberticides. »

À l’heure des chaînes d’information en continu, Pierre Haski souligne également le statut d’une émission littéraire comme «Apostrophes » qui, plus que les journaux télévisés de l’époque, était le lieu du débat politique. « C’est là que ça se passe » conclue-t-il.

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